Des mots, des dessins pour mieux se connaître et mieux appréhender l’actualité. Une dizaine de jeunes gens, accompagnés par Initiatives Formation, ont goûté à « Mots publics », une série d’ateliers d’écriture impulsée par Ker-Hars et la MPT de Penhars. Avec intérêt et un sens certain.
Sophie ambitionne d’être animatrice gérontologique, Mélissa se voit en droit, Morgane vise l’accueil en administration, Camille envisage d’être aide-soignante, Justine se projette en comptabilité, Brenda hésite encore. Leur avenir professionnel se dessine au sein d’Initiatives Formation, un organisme de formation professionnelle. Leur parcours vers l’insertion prévoit « des temps collectifs d’expression autour de thèmes d’actualité, des temps de développement personnel », décrit Cécile Le Gall, formatrice. Ces jeunes filles, mais aussi Jimmy, Guillaume, Alicia et Tiphaine, ont trouvé dans « Mots publics », encouragés par Catherine Marc, de Ker-Hars, l’opportunité d’écrire, de dessiner pour dire leurs ressentis, se découvrir mutuellement et mieux cerner, ensemble, la complexité de cette actualité qui défile, avec dans le flot des informations, des termes forts comme radicalisation, terrorisme, guerres, déforestation, etc. Mélissa (23 ans). « La conversation autour de la radicalisation nous a amenés à parler d’autre chose. Cet exercice m’a plu car ce n’est pas facile de mettre des mots sur des idées : on arrive à penser, pas forcément à écrire, on l’a appris. Même quand on séchait un peu, Catherine nous stimulait : écrivez ce qui vous passe par la tête ! Pour écrire sur soi, il faut savoir prendre du recul, avoir une grande confiance en soi. Ce n’est pas évident, on est encore jeune ! Le regard des autres, ce n’est pas simple, même si, au fond, ce que les autres voient de nous colle assez à la réalité de ce qu’on est ». Camille (23 ans).
« Je m’intéresse beaucoup à l’actualité autour des sujets liés à la radicalisation. Le fait d’en parler, d’échanger des points de vue ça permet de mettre des mots sur des impressions, des ressentis. Ça a été un travail intéressant. J’écris plus pour extérioriser tout, c’est un moyen de me canaliser. Avec la formation, la confiance en nous monte petit à petit. J’ai appris beaucoup sur moi, ça m’a permis d’ouvrir les yeux sur plein de choses. Ça fait grandir ! » Sophie (25 ans). « Je dessine beaucoup. Le fait de débattre de ces sujets ensemble m’a permis d’exprimer des choses par le dessin. Ces ateliers ont eu du sens car j’ai pu m’exprimer et je me sens mieux face à cette question de la radicalisation, aux thèmes abordés. Ça permet d’avancer, de réfléchir aux actualités, d’y accorder du temps, de connaître les gens. Face au terrorisme, aux guerres, je me sens un peu démunie, c’est ma manière d’aider peut-être, de soutenir les gens touchés par les attentats ». Morgane (20 ans). « J’ai écrit par exemple : on a la même couleur de sang, nous sommes tous égaux. J’ai trouvé que c’était bien aussi de parler un peu de nous, car on ne se connaissait pas tous au début. Ce n’est pas si facile que ça d’écrire sur soi, de ses qualités et défauts. On se connaît soi-même mais on ne sait pas ce que les gens pensent de nous. J’ai appris des autres à travers les portraits. On se connaît suffisamment pour confier qui on est vraiment, on s’est un peu ouvert ». Brenda (24 ans). « On entend beaucoup de choses sur les sujets d’actualité mais on n’en parlait pas trop entre nous. Là, ça a permis de confronter des points de vue, de connaître l’avis de chacun. Ça m’a permis de mieux comprendre le sujet de la radicalisation car des choses m’échappaient. Et puis j’ai bien aimé parce qu’on a appris à se connaître avec ces portraits croisés, à se définir nous-mêmes ». Justine (22 ans). « C’est une expérience positive d’échanges. C’est un peu compliqué d’écrire sur soi, c’est dur à décrire, on se pose beaucoup de questions. Catherine nous a poussés, incités à écrire même si on pensait que cela n’avait pas de rapport avec le sujet. Je suis contente de l’avoir fait !
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« Portraits », expressions libres de jeunes âgés de 17 à 30 ans
« Fatigués par ces guerres, créatrices de peurs/Qui rendent triste, qui prennent de cours/Les différences nous déchirent/Les tensions alimentées par les médias/Qui laissent à réfléchir/Acceptons-nous/Migrants, Français/Faisons ensemble la paix/Protégeons nos vies, de la famine et du terrorisme », écrit notamment Jimmy, à la page 13 de « Portraits ». Ce petit livret est apparu, le 21 janvier, lors des voeux de la MPT de Penhars. Il présente un florilège de portraits, d’autoportraits, de dessins, d’expressions libres de jeunes femmes et hommes âgés de 17 à 30 ans, dont les jeunes gens précités (lire ci-dessus), à propos des vérités et amalgames qui gravitent autour de la radicalisation. Leurs pensées, réflexions, convictions, espérances, leurs perceptions des autres et d’eux-mêmes ont été couchées sur le papier, puis imprimées, dans le cadre du précieux projet « Mots publics » animé par Catherine Marc, de Ker-Hars, en 2016, auprès de nombreux publics. « Pour moi, c’est jouer avec les mots, voir comment on peut exprimer ses ressentis. C’est un travail de création, vraiment : dessiner son propre portrait, écrire celui d’un autre, ça n’est pas facile ! Notre volonté, c’était que tout le monde s’exprime, chacun avec ses mots sans être pollué par des affirmations ambiantes souvent sujettes à interprétation. Ça recouvre le droit de dire et comment on le dit ». « Le libre arbitre », complète Cécile Le Gall. « Pour l’instant, le livret n’a pas été diffusé auprès des autres jeunes. Les formateurs y ont trouvé un bel aperçu de ce qui a été abordé et produit. Des formateurs, qui ont lu les portraits, ont immédiatement su de qui on parlait. Comme quoi les portraits sont réalistes ! », commente la formatrice d’Initiatives Formation.
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